@Nicolas Ash Bouffet “Quelle a été la plus grande difficulté lors du tournage du film ?”
AD. Aucune ! Ce fut un vrai régal, le plus simple de mes films. Maintenant la difficulté va consister à en faire un autre.
@Emmanuelle Mignaton “De temps en temps, pense-t-il à ses études de médecine entre 1982 et 1986? Quand y pense-t-il, et quels ses rapports avec la médecine, les médecins ?”
AD. Mes études de médecine m’ont juste permis de comprendre que j’étais mortel comme les autres et m’ont invité à fuir la réalité, ce que j’ai fait en montant sur les scènes de théâtre puis en racontant des histoires pour la caméra. De surcroît j’ai forcé mon destin social jusqu’à aujourd’hui, j’en suis très heureux.
@Quentin Gauvrit “A-t-il déjà pensé à réaliser un film sans en être l’acteur principal ? “
AD. Oui ce devait être le cas sur ce film puisque je voulais le faire en anglais et par la force des choses, j’aurais sollicité un acteur anglophone. Ce n’est que partie remise, mais tant que je joue en français, cela m’est très pratique d’interpréter ces rôles que je “comprends” par cœur.
@Thom Piot “Je veux savoir si Albert a du faire plusieurs prises pour récupérer Sandrine en vol…s’il a suivi un entrainement avec un coach comme JCVD..et s’il y a eu des ratés, à savoir Sandrine qui s’explose sur le parquet…ou Albert qui glisse trop loin..et PAF..la bibliothèque ?”
AD. Sandrine s’élançait sur des matelas qui ont été gommés par l’excellent Cédric Fayolle (responsable SFX). Je plongeais sur un autre matelas (lui aussi honteusement gommé, parce que j’ai remarqué que quand je tombe sur une surface dure ça fait mal). Et au vol (sur le gros plan), je ne rattrape qu’un mannequin. La glissade à deux se faisait sur un skateboard customisé pour les besoins et le reste se trouve dans le making of du film que vous trouverez dans le DVD.
@Philippe Potaux “Où et comment trouvez-vous toutes ces idées pour nous faire rire autant et nous offrir de si bonnes comédies ?”
AD. Merci du compliment. Je me laisse aller mentalement (sans ironie), me rendant ainsi “disponible” avec moi-même. C’est difficile à faire quand on est encombré comme moi par une pléiade de complexes, d’inhibitions, de doutes et de tout ce qui fait un être humain à peu près sensible.
@Quentin Gauvrit “Je voulais savoir depuis longtemps ou vous situez irréversible, qui est un très très bon film mais très différent des autres que vous ayez fait, dans votre filmographie ? Si c’était a refaire le feriez vous ?”
AD. “Irréversible” est une œuvre à part et pas seulement dans ma filmographie mais dans le cinéma en général. C’est dû à un metteur en scène à part, en l’occurrence Gaspar Noé. Je le referais les yeux fermés (enfin pas tout le temps quand même vu certaines scènes) car j’ai beaucoup d’admiration pour Gaspar.
@Eleonore Rochas “qu’est-ce que le cinéma indépendant pour vous? Pourquoi faut-il le soutenir?”
AD. Le cinéma indépendant est le travail fait par des auteurs, metteurs en scène, producteurs qui, groupant toutes ces caquettes, sont condamnés à l’autarcie, autre mot pour indépendant. C’est une façon d’assumer pleinement la responsabilité de son travail, du début à la fin. Aucune intervention malvenue sur le plan du commercial et de ce fait, il y a de vraies possibilités de voir des créations originales arriver sur le marché.
@David Notin « Comment faites-vous pour déterminer le nom de vos personnages ? »
AD. En ce qui concerne 9 mois ferme, tous les noms ont une signification particulière. Ainsi le médecin légiste (P. Duquesne) s’appelle le Dr Toulate car devant faire le projet en anglais, je l’avais baptisé Dr Toolate. Quoi de plus normal que d’être en retard quand on est médecin légiste ! De même, l’avocat (l’excellent N. Marié) s’appelle Trolos qui en grec veut dire bègue : si vous avez vu le film, vous comprendrez facilement la logique de mon raisonnement… Ariane s’appelle ainsi car dès l’écriture je l’avais définie comme un personnage qui a perdu le fil (le fameux fil d’Ariane). Et ainsi de suite pour pratiquement tous mes personnages.
@Anthony Marion Moret « Cela fait 2 fois que Terry Gilliam apparaît dans vos films, aura-t-on la surprise de vous voir apparaître dans son prochain film ? »
AD. J’aimerais beaucoup mais lui ayant dit un jour par provocation que je ne lui demanderais jamais de jouer dans un de ses films, il m’a répondu que j’avais bien raison !
@ Stephanie Stefairy « Pour les scènes burlesques, est-ce que ce sont bien des effets mécaniques ? »
AD. Oui, en effet ce sont bien des effets mécaniques avec cependant une petite touche numérique (ne serait-ce que pour l’arrivée du mixeur dans les yeux du comédien…). Ces effets spéciaux « mécaniques » sont l’œuvre d’un accessoiriste très doué, Guy Monbillard. Il y a cependant plus de 300 plans truqués dans le film qui eux, sont essentiellement numériques mais que l’on ne voit pas, ce qui pour moi est l’essentiel d’un plan truqué.
@Ciné Masique « Lequel de vos cinq films avez-vous eu le plus de plaisir à tourner ? Vous gardez souvent les mêmes acteurs, est-ce par connivence ou parce qu’ils sont tous bons ? »
AD. J’aime tous mes films. Le plus dur a été indiscutablement Enfermés dehors où j’ai bien cru ne pas aller au bout. Et le plus facile, 9 mois ferme grâce au lieu de tournage quasi unique (un décor naturel et un studio). Ce décor naturel regroupe à l’arrivée à lui seul, pas moins de huit lieux différents. En ce qui concerne les acteurs, j’ai besoin de leur talent et de leur enthousiasme pour peupler mes films. J’en connais certains depuis plus de 20 ans. Aucun esprit caritatif dans ma démarche, juste le besoin d’être très bien entouré et d’être le spectateur de leur performance (Philippe Duquesne, Philippe Uchan, Nicolas Marié, Bouli Lanners, etc. …).
@Marie Gaspa « Un clin d’œil au vol du ballon dans Arizona Dream ou non ? » (au sujet de la scène du ballon rouge)
AD. Non. J’ai trouvé ça original. Mais depuis que le film est présenté on m’a déjà signalé plus de 6 références à des films avec un ballon rouge (M le maudit, Le ballon rouge, etc.). On n’invente jamais rien.
@Romain Parissier. “j’aimerais savoir comment vous avez réalisé le plan du ballon qui s’envole (techniquement c’était impressionnant)”
AD. Merci de votre enthousiasme mais en réalité ça l’est beaucoup moins (pour les plans impressionnants, je vous conseille la Soif du Mal d’Orson Welles ou The Player de Robert Altman). En ce qui me concerne, j’ai fait un plan séquence à l’aide d’un stead, le cadreur évoluant sur différents accessoires de machinerie disposés à l’avance (grues, pratos et planches) jusqu’à l’ouverture de la fenêtre puis une séquence 3D a été réalisée pour l’encadrement de la fenêtre (par l’excellent Cédric Fayolle, coordinateur effets spéciaux) puis une petite caméra placée sous un drone a parcouru la Cour du Palais de Justice en suivant un ballon imaginaire avant de finir sa course face à une partie du bâtiment dans lequel on a incrusté la fenêtre de notre décor. La qualité des effets numériques est telle aujourd’hui qu’on peut faire croire à un vrai plan séquence mais il n’en est rien. Le ballon rouge étant, vous l’avez compris, fait en 3D…
merci et à bientôt. albert