Comme cela avait été fait à la sortie du Vilain et de 9 mois ferme, Albert Dupontel répondra aux questions des internautes. Pour poser les questions, direction la page facebook.
Voici les premières Questions/Réponses :
Q : Pourquoi est ce que, pour une fois, que les personnages principaux ne sont pas des marginaux ont un destin très hors normes ??
A.D. : Il s’agit d’un conte, d’une fable et donc cette licence poétique peut nous autoriser à ce que vous appelez un destin « hors norme ». Le fait est que plutôt que de restituer la réalité, je préfère l’exprimer, d’où cette extravagante histoire...
Q : D’où vous est venu le prénom de Suze ?
A.D. : Je ne me rappelle pas bien à vrai dire … C’est probablement le diminutif de Suzanne que j’ai dû entendre par le passé et ce prénom a un côté populaire qui va bien au personnage. On sent qu’il s’agit d’une dénomination des parents qui se veut plus « câlin » que Suzanne. Quand Virginie le prononce sur le rond-point à l’intention de JB, son intonation est enfantine et fragile comme si la gamine en elle espérait être reconnue par cet inconnu …
Q : Pourquoi avoir refusé la proposition d'Ariane Mnouchkine ? Dans vos films, on retrouve souvent la même équipe, vous n’êtes plus réticent à faire partie d'une structure collective ?
A.D. : Je n’ai jamais rien refusé à la grande Ariane ! Suite à un stage de quelques jours qui m’avait ébloui, elle avait proposé à qqs stagiaires, dont moi, de prolonger ce moment en auditeur libre en qq sorte pendant qqs mois… Vivant dans une bohème intense à l’époque (j’entends «sans le sou»), je ne pouvais me joindre à ces élèves car devais gagner ma vie autrement… J’ai raté sans doute une des pédagogies les plus fortes qu’il m’ait été donné de fréquenter…Ariane Mnouchkine insuffle une vie hallucinante à toutes ses propositions sur scène …
Entre retrouver les mêmes acteurs (car ils sont surtout très bons…) tous les 3 ans et appartenir à une structure collective, il y a une nuance… Je n’ai jamais fait l’expérience d’une troupe mais qui sait …
Q : Il n'y a plus de gag animalier dans vos récents films (juste le un bruit de chat), ce sont des choses qu'on ne peut plus montrer ou qui ne vous amusent plus ?
Et dans la même lignée, lorsqu'on entend sur vos sketchs : "on ne pourrait plus le faire maintenant, ça ne serait plus toléré", avez-vous une opinion là dessus ? Est-ce qu’on peut refaire vos sketchs aujourd'hui ?
A.D. : Le gag animalier était une redondance plus qu’une envie cohérente. Ces gimmicks soulignent mes limites d’auteur. De temps en temps, je m’épargne… cf Adieu les cons, où effectivement cette redite n’existe pas… mais attendons le prochain…
Les sketchs étaient la seule façon que j’ai pu avoir, il y a 30 ans, de m’exprimer… Ces caricatures que je ne prenais pas au sérieux, mais que je faisais très sérieusement m’ont permis d’exister et par la suite de faire des films… Me rends pas compte si on pourrait les faire aujourd’hui… Pour moi, la question ne se pose pas. J’ai encore des films à faire.
Q : Il y avait bien une référence à Brazil quand le gign rentre dans son bureau et que tous les tuyaux pendent du plafond ?
A.D. : Il n’y a pas de Gign qui entre dans le bureau ! (Un tapotage sur écran vous a sans doute distrait de l’action à ce moment… ) Mais il y a bien des tuyaux qui pendent du plafond et c’est un des multiples clins d’oeil à Brazil dont le principal est l'apparition de Terry Gilliam venu cautionner ce succédané de Brazil qu’est Adieu les Cons…
Q : A un certain moment dans le film vous faîtes remarquer le son émis par une sirène de police ou pompier, ne serait-ce pas un clin d'oeil à un classique ? SI LA, RÉ LA ?
A.D. : Pas pigé de quel classique vous parlez, mais un manque de culture musical de ma part est assumé et justifié…
Q : Est ce vous qui avez dessiné/commandé l'affiche ainsi ?
A.D. : L’affiche est l’oeuvre d’un grand artiste qui m’honore de sa collaboration depuis « 9 mois Ferme » et qui s’appelle Laurent Lufroy. Il est à l’origine de plus de 800 affiches dont des classiques comme "Le grand bleu" ou "Amélie Poulain"…
Q : Quel est le Réalisateur qui vous a le plus inspiré... ? La place de Terry Gilliam dans votre panthéon ? …
A.D. : L’inspiration à mon âge et au vu de tous les films que j’ai pu voir est multiple et je n’arrive plus aujourd’hui à retrouver la piste des "Clusters filmiques" de départ.
Des classiques du muet ( Chaplin, Von Stroheim, Keaton, Lherbier, Wellman, Murnau…) aux années 30 du cinéma français dont je suis particulièrement friand (Carné, Renoir, Duvivier …) , des cinéastes à part comme Ophuls, Kalatazov… et bien sûr le milieu des années 80 où ma curiosité était maximale...(Gilliam, Verhoeven , Blier , Klimov , les frères Coen …) je ne sais plus qui est responsable de ce que je fais…C’est embêtant , car il va bien falloir que je dénonce qu’un…
Gilliam m’honore de sa considération et de son amitié (enfin je crois …) depuis 20 ans …Si vous connaissez ses films extravagants , généreux , inventifs, inspirés , poétiques , visionnaires et bien vous connaissez Terry Gilliam…Pas plus compliqué..
Q : Serait-ce possible de connaître les dix films qui ont été les plus importants pour vous ?
A.D. : Il y en a tellement plus de 10… Bon, admettons que je n’ai pas le choix…
alors : « Lumières de la ville » de Chaplin , « le kid » du même , « Panique » de Duvivier , « La Chienne » de Renoir , « Enfants du paradis » et « Hôtel du Nord » de Carné , « Buffet Froid » de Blier , « Mullholand Drive » de Lynch , « 81/2 » de Fellini , (ces 3 derniers sont des films purement poétiques, l’art suprême je trouve dans l’expression au cinéma…des questions qui n’ont pas besoin de réponse… ma définition de la poésie filmique), « Come and See » de Klimov, et quasiment tous les De Funes et Belmondo…
Q : C'est quoi votre prochain film ?
A.D. : Ca va s’appeler "Second Tour" et sera une dystopie sur la prise de pouvoir d’un homme politique humaniste, altruiste et soucieux de l’intérêt général… Une vraie dystopie donc…
Q : L’horizon peut-il laisser entrevoir une oeuvre sur Napoléon?
A.D. : Napoléon… un des tueurs préférés des Français… Son épopée est fascinante et serait jubilatoire à raconter mais à travers une histoire qui reste à écrire ce dont je suis bien incapable... Entendons-nous, pas l’histoire de Napoléon, mais celle de personnages de l’époque subissant leurs histoires personnelles à travers ce spectaculaire décorum qu’est cette épopée… Je n’ai pas encore trouvé cette histoire…
Q : Pourriez vous me dire quand vous écrivez votre scénario si vous avez déjà choisi vos acteurs ou si une fois le scénario fini vous vous dites : je souhaiterais ceux ou celles-là.
A.D. : Aucun acteur n’est une évidence. Je finis laborieusement le script tout en cherchant tt aussi laborieusement qui pourrait avoir le culot et le talent de raconter cette histoire. Pour l’instant, j’ai eu beaucoup de chance notamment récemment avec Virginie.
Q : Dans ce film il y a 3 personnages qui vont s'entraider. Vous croyez donc encore en l'humain? Pensez vous qu'il peut encore changer cette société qui le broie et veut l'empêcher de penser?
A.D. : Je ne crois qu’à l’humain. La masse et les institutions sont des broyeurs de ce que l’humain peut avoir de génial en lui. L’école nous éduque à participer à une collectivité que je juge déviante et dangereuse. L’école (traditionnelle) peut nous faire rater le seul RDV important de nos vies à savoir le RDV avec nous-mêmes. L’alphabétisation peut faire oublier la créativité. Tt ça pour vous dire que l’humain équipé, par la grâce d’une éducation intelligente, d’un sens critique développé est la seule issue aux catastrophes à venir …
Q : Est-ce que le titre du film évoque pour vous une époque dont il faudrait s’échapper ?
A.D. : Le « Adieu les Cons » formulé au début du film par JB est comico-pathétique, le « adieu les cons » de la fin, dit par le couple JB / Suze est bcp plus lourd de sens et a pratiquement une thématique philosophique …
Q1 : Pourquoi la majorité de vos films traite d'une recherche et d'une reconnaissance d'un père ou d'une mère, au revoir là haut, bernie, neuf mois ferme, enfermé dehors, adieu les cons et chacun pour toi (de Ribes mais vous en comedien) ? pas le créateur c'est vrai.
Q2 : Les enfants nés sous X sont le point de départ de plusieurs de vos films... Est-ce une forme de psychothérapie ?
A.D. : Pour ces 2 questions quasi identiques, je vous répondrai que je ne sais pas pourquoi ces thèmes m’obsèdent. Ils sont récurrents et quasi systématiques. Je n’ai de plus aucune raison personnelle à traiter ces sujets ayant été aimé et choyé depuis ma naissance. Donc, c’est une névrose qui à défaut d’être traitée par un psy, me fait faire des films… Pas sûr d’être perdant dans cette thérapie…